Présidentielle : Arnaud Montebourg tire sa révérence
L'échec de sa campagne pose la question de l'effacement des idées républicaines et souverainistes à gauche. Un perte inestimable car ses propositions étaient dans la cacophonie actuelle innovantes et porteuses d'espoir .
"J'ai engagé une franche discussion avec tous les candidats appartenant à ma famille politique mais aucun n’est décidé à surmonter nos désaccords, poursuit l’ancien ministre socialiste. J’en ai tiré la conclusion que mes idées étaient certainement devenues étrangères à ma propre famille politique. »
Durant ses quatre mois de campagne, Montebourg et ses proches ont oscillé entre deux directions : une partie de l'équipe, en ligne avec les déclarations du candidat visant à dépasser les clivages traditionnels ( « Mon sujet, ce n'est pas la gauche, c'est la France »), s'inscrivait dans une veine souverainiste inspirée par la campagne présidentielle de Jean-Pierre Chevènement en 2002.
"Cette stratégie combinait un discours économique interventionniste et social (hausse des salaires, défense des services publics, réindustrialisation, protectionnisme) avec une ligne ferme sur le régalien (renforcement des moyens de sécurité, réduction de l'immigration, hausse des exigences en matière d'intégration). Trop en rupture avec les conceptions dominantes des conservateurs de tous bords"
Jean-Pierre CHRUSZEZ
Elle s'est notamment traduite par l'intégration de deux conseillers politiques issus du sarkozysme, François-David Cravenne et Jérôme Doncieux, qui ont tenté de convaincre le candidat de mettre en avant des thèmes traditionnellement associés à la droite.
Cette influence a fortement irrité tout un pan de l'entourage de Montebourg, résolument attaché à ce que l'ancien socialiste incarne une candidature de « première gauche », sans s'aventurer sur des terrains jugés trop glissants.
« J’ai décidé de ne soutenir aucun candidat »
Finalement l'ancien ministre du Redressement productif s'offre une sortie honorable en renonçant à rallier le moindre candidat. Dans son discours de retrait, Montebourg livre une phrase lourde d'interrogations : « J'ai tiré la conclusion que mes idées étaient certainement devenues étrangères à ma propre famille politique. » L'échec de sa candidature et l'impossibilité de ralliement montrent à quel point la sensibilité de la première gauche, républicaine, attachée au social, à la nation et à la laïcité, est devenue minoritaire dans cet espace politique : soit parce que les candidats incarnent une autre ligne (Yannick Jadot, Christiane Taubira, Anne Hidalgo), soit parce qu'ils s'en sont éloignés (Jean-Luc Mélenchon).
La question du programme... et de la dette
Selon plusieurs sources proches du candidat, mardi, les négociations pour se rapprocher d’un autre candidat ont achoppé sur deux points : la reprise des thèmes du candidat mais aussi de la dette de sa campagne. « Christiane Taubira lui demandait de se rallier sans lui donner de gages. Et Montebourg n’a pas été convaincu par ses dernières interventions, notamment sa déclaration de candidature à Lyon samedi dernier », avait confié un ancien responsable de la campagne.
Concernant la dette des investissements de sa campagne, Fabien Roussel lui avait répondu que « c’était mort car il n’a pas épargné tout ce temps pour financer la campagne de Montebourg », avait raconté un autre proche.
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