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Photo du rédacteurTERRES DU NORD MATIN

POUR "LES AFFRANCHIS DE BRIDGESTONE" : LA FERMETURE N'EST PAS UNE FATALITÉ !


Ce jeudi en début d’après-midi, près de 80 personnes, salariés de Bridgestone et cégétistes d’autres entreprises de la région – Cargill Haubourdin, TKES Ugo à Isbergues, Roquette Lestrem, PSA Douvrin… – sont venues écouter « l’avocat rouge » détailler les actions en justice qu’il entreprend au nom des Affranchis (lire ci-dessous) devant les grilles du site.


LA FERMETURE N'EST PAS UNE FATALITÉ


Le collectif des "Affranchis de Bridgestone" a été constitué par « une poignée de salariés mécontents de l’action de l’intersyndicale, dont l’objectif est d’obtenir un maximum des négociations du PSE en poussant les salariés à rester sages », explique son président, David d’Hornes, ancien élu CGT. Avec la complaisance solidaire d'élus de tous bords, unanimes pour qu'il n'y ait aucune vague, qui puisse les éclabousser...

La jeune association, qui compte d'ores et déjà quarantaine de membres, jette à la poubelle cette résignation-négociation bidon, et brandit le drapeau de la révolte : la fermeture n'est pas une fatalité ! Elle se donne les moyens d'agir et fait appel à l’avocat Fiodor Rilov, spécialisé dans le droit social.


UN RÉFÉRÉ EN JUSTICE


Ce jeudi 19 novembre 2020, « Les Affranchis » ont saisi le juge des référés du tribunal de Lille pour « ordonner la poursuite des relations commerciales entre Bridgestone Europe NV et Bridgestone France SAS ». La holding européenne du manufacturier japonais est en effet l’unique client de la filiale française, dont l’usine de Béthune est le seul site de production.

"L'avocat rouge"Fiodor Rilov

Pour : « Sa fermeture rend donc inévitable la rupture du contrat de vente des pneumatiques. Or, le code du commerce impose un délai de préavis qui dépend de l’ancienneté des relations commerciales et du degré de dépendance entre les deux entités. Ici, on estime que le tribunal peut demander la poursuite du contrat et de la production pendant 18 mois. Ainsi les employés garderaient leur emploi et leur salaire pendant un an et demi et ce délai pourrait en outre inciter la maison mère à revoir ses projets à long terme. »

Une deuxième action est en préparation, devant le tribunal de commerce cette fois. Il s’agit de demander la désignation d’un administrateur provisoire en lieu et place de la direction de Bridgestone France.





UNE MULTINATIONALE AUX TROIS MILLIARDS DE BÉNÉFICE


« Depuis deux mois, on constate que le dialogue ne change rien à l’affaire, qu’on s’achemine calmement vers la fermeture de l’usine. Nous, on veut que l’autorité judiciaire prenne des mesures contraignantes contre une multinationale qui fait 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 3 milliards d’euros de profits en 2019 et qui a pris une décision inacceptable sur les plans économique et social. » , explique l’avocat Fiodor Rilov. Voir la video




L’audience est prévue le 15 décembre mais le temps que l’assignation parvienne à Bridgestone au Japon, la maison mère pourrait demander un renvoi fin décembre ou tout début janvier. Les jugements des référés étant rapidement rendus, on peut espérer être fixé début janvier.



TENTATIVE DE MANIPULATION



Au début de son interventioin, Fiodor Rilov s’est attaché à démonter la rumeur selon laquelle les salariés qui soutiennent ces actions toucheraient moins que leurs collègues.



"C’est une tentative de manipulation absolument inacceptable. »


« C’est insupportable d’entendre des âneries pareilles. Ça n’a ni queue ni tête : une discrimination, c’est un délit. S’il y avait la moindre trace d’une mesure discriminatoire au détriment des salariés qui contestent leur licenciement en justice, il y aurait des actions, y compris au pénal, et ses auteurs seraient sévèrement sanctionnés. C’est une tentative de manipulation absolument inacceptable. »


RÉSIGNATION POUR UN GROS CHÈQUE


Les salariés de l'usine seraient-ils résignés à attendre dans le calme le plan social et un gros chèque. Si "on est sage" ? ...

Nous avons joint David d'Hornes, président des "Affranchis de Bridgestone", par téléphone hier soir, qui nous a fait part de sa détermination :

 

« Avez-vous vu une multinationale où les salariés attendent sagement et où au bout du compte, la direction leur donne un chèque et une image ? »

 

Une position que partage : Ludovic Bouvier, responsable départemental CGT des métallurgistes.

« On a des organisations syndicales prêtes à vendre la baraque et à ne pas se battre, histoire d’avoir un gros chèque puisque de toute façon, l’entreprise va fermer. Mais pour avoir un gros chèque, il faut se battre aussi ! », a-t-il déclaré à la Voix du Nord

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