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Pierre Rabhi, écrivain et figure de l’agroécologie, est mort


Le fondateur du mouvement Colibris avait 83 ans. Sa mort, survenue samedi, a été annoncée à l’Agence France-Presse par sa famille.





Paysan, pionnier de l’agroécologie, écrivain et conférencier, homme d’engagement, enfant du désert devenu philosophe, Pierre Rabhi a été nourri tout au long de sa vie par la beauté et l’harmonie de l'univers. Il aura inlassablement œuvré pour favoriser l’avènement d’un monde humaniste et respectueux de la nature.

Né à Kenadsa dans une oasis du désert algérien, il fut déchiré entre une origine musulmane et une éducation chrétienne, un cadre traditionnel et la modernité. Petit employé de banque, puis ouvrier, travailleur immigré confronté à l’absurdité de l’univers urbain et de la vie en entreprise, il voulut expérimenter une autre façon de vivre en lien avec la nature.

Pierre Rabhi, près de Berrias-et-Casteljau (Ardèche), le 29 mars 2011. PHILIPPE DESMAZES / AFP

Il parvint, en compagnie de sa femme Michèle et de leurs cinq enfants, à vivre des ressources d’une petite ferme en Ardèche - Montchamp - réalisant ainsi son rêve de retour et de recours à la terre. C’est au contact de la nature qu’il forgera ses intimes convictions. Du sol caillouteux de sa ferme, il fera une oasis de verdure, laissant à sa famille une terre fertile. Il cherchera à partager et à transmettre ses intuitions et son savoir agroécologique et lança en France, en Afrique sahélienne et au Maghreb, de nombreuses initiatives pour contribuer à l’autonomie, la sécurité et la salubrité alimentaires des populations.


PIONNIER DE L'AGROÉCOLOGIE


Il restera comme l’un des pionniers de l’agroécologie, qui vise dans le domaine agricole à régénérer le milieu naturel en excluant pesticides et engrais chimiques. Une méthode appliquée dès les années 1980 en Afrique subsaharienne, où il effectuera de nombreux séjours. Le moine bouddhiste Matthieu Ricard voyait en lui un « frère de conscience

Pendant près de soixante ans, il a ainsi soutenu le développement de l’agroécologie à travers le monde, participant à la formation de milliers de paysans aux pratiques agricoles écologiques (centre de Gorom-Gorom au Burkina Faso, au Niger, au Togo, au Bénin, au Maroc, en Tunisie, en Palestine ou en Mauritanie) témoignant inlassablement de son parcours et répondant toujours avec humilité et bienveillance aux nombreuses sollicitations. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages et de plusieurs dizaines de préfaces, il rencontra une vaste audience avec son ouvrage Vers la Sobriété heureuse, où il prône la modération et le respect de la nature. Pour des centaines de milliers de personnes, ce livre a été le début d’un chemin et un véritable éveil.

Sa manière d’appréhender le monde, de se préoccuper du destin des plus démunis et son amour de la Terre-mère resteront une grande leçon pour nous tous.



Ouvrages innombrables au succès indéniable



Pierre Rabhi en octobre 2018. FADEL SENNA / AFP

Référence dans le sérail écologiste et altermondialiste, celui qui fut l’ami du président du Burkina Faso Thomas Sankara ou du violoniste Yehudi Menuhin, a connu une certaine exposition médiatique en 2002, lors d’une éphémère candidature à la présidentielle, pour déjà « introduire dans le débat l’urgence écologique et humaine ». Seize ans plus tard, en 2018, il déclarait au Monde : « La solution ne passe pas par le politique, elle passe par l’é élévation de la conscience. » Initiateur de plusieurs ONG, partageant les valeurs de la Charte pour la Terre et l’Humanisme qu’il avait posées, et avec lesquelles il gardera tout au long de sa vie un lien privilégié, toujours soucieux de leur devenir, il répétera sans se lasser que nous devons « d’abord nous changer pour changer le monde ».


Ses ouvrages, innombrables, ont rencontré un succès indéniable. Avec Cyril Dion – l’auteur du documentaire militant à succès Demain –, il a cofondé le mouvement citoyen des Colibris, qui appelle aux actions locales, comme les jardins partagés, les fermes pédagogiques ou encore les circuits d’approvisionnements courts. « Tu as inspiré des millions de gens à travers le monde », a réagi le mouvement sur Twitter samedi soir. « Les colibris et l’écologie sont en deuil », a également tweeté La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). « Parfois présenté comme un technicien, il s’intéressait à l’intériorité des gens, a souligné son fils auprès de l’AFP. Il a touché de nombreuses personnes ».



Pierre Rabhi avait choisi le colibri pour illustrer sa philosophie en se fondant sur une légende amérindienne : face à un incendie dans une forêt, ce petit oiseau « s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu », provoquant des sarcasmes de la part des autres animaux. « Je le sais, mais je fais ma part », répondait-il dans cette légende que Rabhi ne cessait de conter.

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