L’avenir de la gauche française se joue dans les semaines qui viennent. Prenant une responsabilité historique, la direction du PS s’apprête à conclure avec LFI un accord électoral qui équivaudrait à une reddition morale et intellectuelle. Il implique, en effet, une adhésion sans condition au programme de l’Union populaire et aux positions de son dirigeant.
Parti européen depuis toujours, le PS devrait souscrire à une politique de « désobéissance » vis-à-vis de l’Union européenne qui revient à déchirer les traités qui la fondent ; parti attaché aux droits humains et au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, sa direction le mettrait sous la coupe d’une organisation radicale qui veut priver l’Ukraine des moyens de se défendre contre l’innommable agression poutinienne ; parti attaché au camp des démocraties, il devrait se rallier une fraction radicale qui veut sortir de l’alliance atlantique et se tenir à égale distance des dictatures et des régimes de liberté ; parti crédible, il adhèrerait, in fine, à un programme dont chacun sait qu’il n’est pas financé et brandirait des promesses – sur la retraite notamment – dont les socialistes savent pertinemment qu’elles ne pourront être tenues.
Alors qu’il existe une autre solution : plutôt que passer sous les forces caudines de Jean-Luc Mélenchon, rechercher, comme le PS l’a toujours fait, un accord électoral avec les Verts et le PCF, qui respecte la personnalité de chacun et permette de constituer une alliance efficace. Ce qui n’exclut en rien des accords de désistement au second tour avec LFI pour faire barrage à la droite, à LREM ou au Rassemblement national. Ce qui n’exclut pas non plus, si LFI adoptait une attitude plus démocratique, une discussion à quatre composantes, PS, Verts, PCF et LFI, pour tenter de dégager un autre accord qui, lui, serait, équilibré.
Ce qui revient à poser une question plus large : la gauche démocratique - écologique, communiste ou socialiste - doit-elle se fondre au sein d’une alliance dirigée par Jean-Luc Mélenchon ? Ou bien garder sa personnalité, son autonomie, sa liberté de pensée, pour représenter les électeurs de gauche qui ne se reconnaissent ni dans Macron, ni dans Mélenchon ? En un mot, la gauche démocratique veut-elle s’effacer derrière la France insoumise ou bien continuer à exister par elle-même ?
Notre association « Engageons-nous » plaide évidemment et sans ambages pour la deuxième solution, car il existe une voie entre la gauche radicale de Mélenchon et la droite libérale de Macron. Nous appelons tous ceux qui partagent cette analyse à signer le texte que nous diffusons aujourd’hui.
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