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Photo du rédacteurTERRES DU NORD MATIN

LA DÉPUTÉE MARGUERITE DEPREZ- AUDEBERT , NOUVELLE ÉGÉRIE DES BOITES DE NUIT ?

Dernière mise à jour : 26 sept. 2020


Angie, danseuse originaire du Bruaysis

Les acteurs de la nuit aiment l’appeler « la députée clubbeuse ». Marguerite Deprez-Audebert est la députée de la 9e circonscription du Pas-de-Calais et elle ne cache pas son envie de fouler à nouveau une piste de danse. Elle s’est positionnée depuis la fin du printemps pour le sauvetage des établissements de nuit, toujours au point mort malgré la réouverture des cafés et restaurants le 2 juin.

 

« Les boîtes de nuit sont des acteurs économiques comme les autres. Ils font partie des établissements liés au tourisme, qui est un secteur qui va bénéficier d’un plan de relance de 18 milliards d’euros. Ils sont aujourd’hui en grande difficulté. Il est normal qu’ils ne soient pas oubliés et qu’ils soient aidés. »

 

Le gouvernement signe l'arrêt de mort des discothèques"


Quarante députés, dont six des Hauts-de-France, ont signé un communiqué virulent contre la décision du gouvernement de ne pas rouvrir les discothèques avant septembre. Initié par Christophe Blanchet, député LREM du Calvados, le virulent communiqué a été signé par trois députés du Pas-de-Calais : Marguerite Deprez, Benoit Potterie et Jean-Pierre Pont, une députée du Nord : Florence Morlinghemet, un député de la Somme : Jean-Claude Leclabart et une députée de l'Oise, Carole Bureau-Bonnard.


« Les discothèques ont été traitées avec une brutalité administrative obsolète », avancent les 40 députés, signataires du communiqué pour demander la réouverture des discothèques.


Le 24 juillet, Alain Griset, ministre délégué chargé des Petites et moyennes entreprises et le député engagé Christophe Blanchet, ont vu les gérants et les syndicats. S’il reste encore des accords à trouver, un fonds de soutien a été amené sur la table ministérielle. Il s’élèverait à 15 000 € mensuels maximum par établissement, rétroactifs à partir de juin. L’ombre au tableau : un décret qui n’est pas encore passé, alors que le temps file et devient de plus en plus rude pour tous ces lieux de vie nocturne fermés.

« L’administration est malheureusement soumise à des lenteurs, surtout en été. À mon avis, le décret ne sera pas validé avant milieu ou fin août. Les discothèques ne pourront sûrement pas prétendre à l’aide avant septembre. » déclare « la députée clubbeuse ».

Il faut responsabiliser et non pas infantiliser”


Le 19 juin, une vingtaine de patrons de boîtes de nuit des Hauts-de-France avaient rencontré la députée MoDem Marguerite Deprez-Audebert (tout à droite) à Béthune pour l’alerter sur leur sort.



En juin, Marguerite Deprez-Audebert recevait des gérants de discothèques des Hauts-de-France pour écouter leurs doléances et les diffuser à l’Assemblée nationale. Consciente du risque de transmission du virus engendré par une ouverture anticipée des discothèques, Marguerite Deprez a une pleine confiance en la jeunesse : “Je n'occulte pas l'enjeu sanitaire, mais ce sont des établissements fréquentés par des jeunes - 95 % ont moins de 25 ans indique le communiqué - , tandis 85 % des personnes décédées du Covid-19 ont plus de 75 ans. Il faut responsabiliser les jeunes, et non les infantiliser. Oui ils peuvent aller en boîte de nuit, tout en faisant attention lorsqu’ils côtoient leurs aînés”.

Recours des patrons de discothèque auprès du Conseil d’État



Morgan Dalle

« Nous sommes victimes de discrimination par rapport aux autres activités économiques qui ont toutes eu la possibilité de reprendre mais aussi par rapport aux autres pays. En Allemagne, en Espagne, des décrets tombent pour des réouvertures partielles ou sous conditions. Ici, rien ne bouge ! » Morgan Dalle, patron de L’Antique à Béthune et président départemental du syndicat UMIH, a décidé de faire entendre sa voix jusqu’au sommet de l’État, voire de l’Europe.



 

« J’ai appelé des collègues patrons de boîtes à constituer un dossier avec moi pour le présenter au Conseil d’État, ils ont été une dizaine à répondre. Le dossier a un tronc commun à tous et une partie individuelle où les problématiques de chacun sont présentées. J’ai financé cette procédure sur mes propres deniers. »



 

Deux recours de plus de 200 pages ont donc été déposés auprès du Conseil d’État le 21 juillet. Clarisse Sand est l’une des avocates parisiennes ayant travaillé dessus. « Les recours sont un référé suspension pour l’urgence de la situation, qui a été rejeté directement par le Conseil d’État. Il a balayé la requête du revers de la main sans prendre le temps de répondre et de justifier. C’est à mes yeux un déni de justice et une preuve de l’inintérêt du pouvoir envers les établissements de nuit. Le deuxième recours concerne l’excès de pouvoir. Le but est de faire constater l’illégalité de la situation à la juridiction la plus haute sans passer par une audience et une plaidoirie. »

Clarisse Sand, avocat

Illégalité, car selon l’avocate, la liberté d’entreprise et le droit de commerce sont des principes fondamentaux qui sont aujourd’hui lésés par les institutions françaises. « Il n’y a pas de hiérarchie dans les libertés. Les boîtes de nuit sont fermées et n’ont aucune date de réouverture fixée, même si elle doit être déplacée. On ne peut pas restreindre une activité de manière totale et absolue. » Clarisse Sand et Morgan Dalle envisagent un recours auprès de juridictions européennes.


Deux poids, deux mesures ?


Le monde de la nuit n’en finit donc plus de s’inquiéter de l’inactivité prolongée imposée par la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19. Angie (1), danseuse originaire du Bruaysis, dénonce en outre des inégalités selon les territoires.

Son anxiété et son impatience se muent en colère quand elle voit les images d’événements festifs partagées par les patrons de « bars à thème à ciel ouvert », notamment dans le sud de la France. « On y voit des clubbeurs danser sans respect des gestes barrières, dénonce-t-elle. Alors qu’ici on est obligé de porter un masque au marché ou au travail, là-bas on s’amuse sans précaution, sous prétexte que ces soirées sont organisées en plein air. »


Au-delà de cette « injustice », Angie juge la non-réouverture des boîtes contre-productive : « Les bars refusent du monde, les jeunes s’ennuient et font un peu n’importe quoi dehors. Si les boîtes rouvraient, ils sauraient où aller s’amuser et ça serait encadré. »

« On pourrait très bien rouvrir les boîtes et les salles de spectacle avec des règles drastiques, histoire de relancer en partie l’activité, renchérit son ami éclairagiste. Qu’on nous impose des règles sous peine de fermeture et on les fera respecter car on veut travailler. Mais est-ce que l’État le souhaite ? Il ne voit pas d’un bon œil les boîtes, qu’il rend responsables des accidents de la route dus à l’alcool, ni les intermittents du spectacle, dont il juge le régime d’assurance chômage trop avantageux… »

1. Pseudo.

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