LA TRIBUNE D'ARISTOPHANE : CES CHIFFRES QUI VOUS RENDENT (VOLONTAIREMENT ?) IDIOTS

LE MONDE SOUS LE JOUG DES CHIFFRES

Jamais les chiffres n’ont été aussi présents dans le débat public. « Vrais » ou « faux », ils suscitent les passions et les controverses.

Les médias et politiques l’ont compris. Aussi usent et abusent-ils de chiffres.

Les chiffres inondent et polluent le débat public. Qu’importe cette sornette, la société doit être modélisée pour être mieux perçue.

La crise « sanitaire » est en ce sens révélatrice : nombre d’hospitalisations, de cas (d’incidences, d’occurrences pour faire savant), de doses administrées, … A aucun moment, la question des conséquences de la marchandisation de la santé n’est évoquée !

Ne cherchez pas à qui profite le crime !

LA PRESSE LOCALE N’EST PAS EN RESTE

La presse locale, aux mains de financiers, s’est détournée de sa mission : informer. Pour mieux protéger son fonds de commerce, elle se veut désormais faiseur d’opinions. Aussi n’hésite-t-elle pas à recourir à des titres racoleurs comme l’illustre par exemple un récent « qui sont les bons et les mauvais élèves de la dette parmi les villes ? ». En jetant des chiffres en pâture aux lecteurs, le journaliste se mue en censeur tout en se drapant de fausses vertus.

Hormis illustrer des données publiques du ministère des finances, quelle est sa véritable compétence en gestion de finances publiques ?

Puisque noter tout et sur n’importe quoi est devenu le sport favori chez certains, à quand un site de notation des journalistes ? A quand un système de crédit de points pour les citoyens comme en Chine ?

D’un côté les bons, les vertueux, d’un autre les méchants, les dangereux.

6-10-20-25-35, LA COMBINAISON CACHEE GAGNANTE DU LOTO DU PATRIMOINE ?

Les chiffres rendent idiots. Il suffit de lire et d’écouter l’exécutif municipal. On y trouve de vraies pépites ! Le premier adjoint est de loin l’expert ès chiffres creux. Son discours en est allègrement ponctué, et fait le délice de la presse locale.

Sous sa houlette le SIVOM n’est plus l’outil réfléchi de ses bâtisseurs, mais un organisme où « 620 agents agissent au quotidien dans 35 domaines de compétences pour plus de 100 000 habitants issus de 25 communes du Béthunois ».

Les chiffres ne servent là encore qu’à aveugler, feindre d’asseoir une légitimité, et servir la bonne soupe.

De l’incongruité des repas dans les résidences pour personnes âgées, de l’inquiétante dégradation de la qualité des centres de loisirs, de l’absentéisme dans le personnel et ses conséquences, de la rémunération du nombre ahurissant de vice-présidents, du silence complaisant et cynique quant à la future obligation pour des personnes âgées d’être claquemurées dans d’ignobles tours de béton (couvrez ces vieux que je ne saurais voir), du mécontentement grandissant des usagers (tenter par exemple de joindre le standard téléphonique du Sivom, c’est comme jouer à la roulette), de la méprisable pression fiscale sur les contribuables, … tout cela n’est donc qu’accessoire et secondaire ?

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Quand la cité tombe aux mains de petits épiciers, son sort en est jeté.

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En attendant prenez soin de vous pour reprendre la formulation en vogue. La prochaine campagne électorale présidentielle n’a pas fini de vous abreuver de chiffres en tout genre pour votre plus grand malheur.

Jacques ARISTOPHANE