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Photo du rédacteurTERRES DU NORD MATIN

L’Etat propose aux jeunes d’effectuer leur service civique… en accueillant des migrants !



Avec la suspension du service militaire par Jacques Chirac, rendre service à leur pays, pour les jeunes filles et jeunes gens, n’a plus rien d’automatique depuis la fin des années 90. Ceux qui le souhaitent peuvent s’engager sous diverses formes, dans le milieu de la défense au sens large, mais pas seulement. Ainsi du service civique, qui permet à des jeunes soucieux de s’investir dans des projets au service du bien commun. Créé par Martin Hirsch sous la présidence de Nicolas Sarkozy, il était une forme de réaction « citoyenne » aux émeutes de 2005, prémisses de la sécession des quartiers dits « sensibles » qui, en réalité, sont tout l’inverse : des quartiers étanches, totalement imperméables aux mièvreries du discours républicain et à la propagande sur ses insaisissables valeurs.


Ceux qui veulent faire un service civique peuvent ainsi donner du temps à neuf domaines qui intéressent la collectivité, hormis bien sûr la politique ou la religion. Jusque-là, pas de problème. Tout au plus pourra-t-on objecter que c’est un ciment un peu léger pour faire tenir ensemble plusieurs France désormais totalement étrangères l’une à l’autre – mais à part ça, l’idée est en soi très bonne sur le papier. Là où les choses se gâtent, c’est quand le service civique prend lui aussi, malgré les précautions mises en place lors de sa création, une tournure politique. Tout dernièrement, une affiche officielle du gouvernement proposait, parmi les « mission » possibles, une curieuse « mission N°4 » ainsi libellée : « Aidez les demandeurs d’asile et les réfugiés à accéder à leurs droits ». C’est bien dit, ça.

Rappelons que les demandeurs d’asile et les réfugiés sont, règlementairement, des gens que le régime politique de leur pays natal, soit pourchasse pour des opinions politiques, soit menace directement et de manière vitale, ne leur laissant que la fuite pour salut dans les deux cas. Pour information, 103.000 demandes d’asile ont été introduites à l’Ofpra en 2021. Le taux de protection, toujours pour 2021, s’est établi à seulement 25,7 %.


Donc, par le biais du service civique, il est proposé à la jeunesse désireuse de protéger les demandeurs d’asile et plus largement d’aider les migrants en se mettant au service de plusieurs associations. Bon. Par exemple, Utopia 56, qui a besoin de main-d’oeuvre pour « intervenir dans un lieu collectif de mineurs non accompagnés » à Sevran, en Seine-Saint-Denis. Concernant cette association, un fonctionnaire avait confié au Monde, en 2020 : « Utopia, ce sont des anars, et je ne le leur reproche pas. Mais ce qu’ils veulent, c’est le chaos, c’est mettre l’État en difficulté. Et les préfets tombent dans le piège ». Utopia 56, c’est « l’association pro-migrants qui défie l’État », titrait en janvier 2021 Le Figaro… Donc, il est possible de faire son service civique dans une association d’anars, d’être rémunéré pour cela par l’Etat défié par cette même association. Mais c’est trop bien !


Il est également possible d’« aider les réfugiés à accéder à leurs droits », c’est-à-dire de remplir leurs papiers administratifs pour qu’ils puissent rester en France aussi longtemps que nécessaire. C’est l’association ASILE qui propose cela. Ça se passe dans le 13ème arrondissement de Paris, si vous ou un jeune de votre entourage êtes intéressés. Dans le même arrondissement, l’association Unis-Cité (attention, jeu de mots) vous propose, en vous tutoyant bien sûr : « Aide à lutter contre l’exclusion et participe à l’accueil des migrant.e.s ». Ecriture inclusive, évidemment, convergence des luttes, tout ça : cet accueil ne passe apparemment pas vers l’apprentissage de la syntaxe. De belles missions citoyennes comme ça, il y en a pas mal. Rendez-vous sur le site du service civique, mots-clés « migrants » ou « réfugiés » ou « asile ».


Tout ça se passe essentiellement en région parisienne. Il faut dire que, visiblement, c’est pour le moment l’endroit préféré de nos futurs compatriotes. Et tout cela en plus ne coûte rien, puisque – c’est bien connu – c’est l’Etat qui paye. En quelque sorte, un suicide assisté.



Arnaud Florac

Chroniqueur à Bd Voltaire

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