Le Dauphiné a interrogé Eric Piolle, maire de Grenoble sur l'autorisation éventuelle du Burkina dans les piscines de la commune. Vous reproduisons ci-dessous les extraits significatifs de ce que certains qualifieront d'islamo-gauchisme
Vous dites : « À Grenoble, nous veillerons à ce qu’aucun règlement intérieur d’aucun équipement public ne constitue une injonction ou une discrimination ». On comprend en filigrane que vous avez l’intention d’autoriser le port du maillot de bain couvrant ou burkini dans les piscines grenobloises. Est-ce le cas ?
Éric Piolle : « Nous aborderons la question lors du conseil du mois de mai. Nous nous sommes engagés à prendre position avant l’ouverture des piscines en juin. Mais nous considérons que ce qui est la marque du patriarcat, c’est l’injonction à se couvrir ou se découvrir. On a posé des interdits et pour nous, il faut regarder la pertinence de ces interdits qui ne font pas avancer et qui ne respectent pas la liberté de pratiquer ou non une religion. La laïcité est ici utilisée comme cheval de Troie, à mauvais escient, et vient imposer des discriminations entre les femmes et les hommes. »
Ne craignez-vous pas que la question du burkini dans les piscines agite à nouveau la sphère politique et relance les polémiques ?
Éric Piolle : « En fait, ces questions restent là parce qu’elles ne sont pas tranchées. Quand il y a confusion, cela perpétue le débat et donne un levier à l’islam politique qui cherche à avancer des pions, mais aussi laisse cours à de nombreux discours qui cachent mal leur racisme antimusulman. »
UNE CONTESTATION INTERNE À LA MAJORITÉ GRENOBLOISE
Plus récemment, en février dernier, Éric Piolle a affiché son soutien aux Hijabeuses, un collectif qui défend le droit des femmes à jouer au foot en portant un voile, en précisant sa volonté de réfléchir au port du burkini. «La majorité que je conduis à Grenoble s'est engagée dans un processus de réflexion et de formation», expliquait-il sur Twitter avant d'affirmer à nouveau vouloir rendre sa position publique «avant l'ouverture des piscines d'été».
Une déclaration qui lui a valu l'opposition dans son propre camp, chez plusieurs anciens adjoints au maire qui se définissent comme les «compagnons de route et terreau des rouges/verts grenoblois». Des personnalités proches des idées sociales et écologistes d'Éric Piolle, donc, mais qui s'opposent «à l'idée de satisfaire les revendications de l'Islam politique», écrivent-ils dans un texte joint à une pétition visant à supprimer les questions liées au burkini de l'ordre du jour du conseil municipal.
POUR UN RÉFÉRENDUM
Ces déclarations n'ont pas tardé à faire réagir l'opposition. Alain Carignon, ancien maire de Grenoble de 1983 à 1995, ministre de l'Environnement sous Jacques Chirac et désormais membre de l'opposition au conseil municipal de Grenoble, y voit une officialisation de l'autorisation du burkini. «Aujourd'hui Éric Piolle officialise qu'il proposera l'autorisation du Burkini dans les piscines le 16 mai prochain au Conseil Municipal : j'appelle les Grenoblois à venir ce jour-là exiger un référendum. Il n'est pas mandaté pour soutenir l'islamisme politique», écrit-il dans un tweet publié vendredi soir.
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