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Fable : les rats et les hermines…
Venus de leur pays où régnaient la misère,
la toundra, le servage et l’hiver,
des rats venus du nord franchirent la frontière
d’un pays mieux loti en climat et bonnes terres.
En ce pays, les hermines étaient reines.
Nous sommes, disaient-elles, de l’Ukraine,
le climat est plus doux et la vie plus sereine,
de pitié recevons l’étranger,
le choyons, nos greniers sont de blé.
Mais les rats pleins de ruse
déclarèrent : « Nous sommes russes.
Rats, hermines, sommes cousins,
de l’Ukraine réclamons notre part.
Votre père sera notre tsar ! »
Bien élevées, les hermines leur firent place.
Les rats s’établirent.
Bien nourris de croûtons,
de maïs, de mélasse et fougasse,
ils installèrent pour le pire
colonies et crottons.
Des ratons y naquirent, en forte abondance,
réclamèrent les terres par le droit de naissance.
Il fallait les nourrir et parler leur dialecte,
oublier l’ukrainien, devenir des bêtes -
accepter le servage et finir en moujiks.
Sommes-nous donc amnésiques ?
Dirent les hermines ukrainiennes.
Depuis quand sur nos plaines
devons-nous être esclaves ?
Avons-nous oublié
que nous fûmes des braves ?
Rats russes, partez, c’est fini,
retournez en Moscovie !
L’occupant rétorqua : kak ? nikakda, nikak !
Les hermines cosaques
combattirent, peine perdue.
Les ratons bien repus
avaient pris le dessus.
Les hermines… à la diète,
au régime des Soviets !
On fouilla leurs terriers,
tout fut pris, tout volé,
les réserves de grain
et les croûtes de pain.
Arriva la famine,
s’en fut fait des hermines.
Sur les tombes des plaines
la Russie prit l’Ukraine ?
Mais c’était oublier les furets galiciens,
anciennement autrichiens, mais surtout ukrainiens,
pas du tout russophiles,
encore moins ratonphiles.
Patriotes à tout va
ils avaient pour roi
un félin : Bandera.
Bande de rats ?
Nous sommes donc des frères,
la Russie sera vôtre, Sibérie - votre mère,
donnez-nous votre terre !
dirent les rats moscovites
fidèlement communistes.
Les furets combattirent
aux maquis des Carpates,
coups de griffes, coups de pattes,
ils cognèrent si fort
qu’au fin fond de l’empire
on en parle encore !
La morale de l’histoire
est pour toi un devoir :
N’oublie pas de sourire
à tous les étrangers,
souviens-toi que le pire
c’est d’être colonisé.
Bienveillante la frontière
qui protège ta terre.
Ton foyer, ton terrier
ont besoin d’une armée.
Si rappliquent encore
les primates du nord,
les moujiks, les moscals,
n’oublie pas, chère hermine :
sois furet, sois féline,
souviens-toi des famines,
des charniers - tout ce mal,
déterre ton fusil et prépare tes balles !
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